Spiritualité Chrétienne

Spiritualité Chrétienne

Le Vénérable Vital Grandin

Le Vénérable Vital Grandin

Évangélisateur des Prairies et du Grand Nord

1829-1902

 

Vital Grandin naît le 8 février 1829, à Saint-Pierre-sur-Orthe, en France. Il est élevé dans les vertus familiales de simplicité, de travail, de prière et du coude à coude fraternel. Timide et frêle, il garde les moutons chez un oncle, ce qui fait une bouche de moins à nourrir chez lui. Son regard mélancolique reflète la douceur et la bonté qui le caractériseront. Il dissimule aussi son désir de devenir prêtre, qu'il n'ose dévoiler, en raison de la pauvreté de ses parents. Des bonnes volontés se liguant pour lui rendre la chose possible, il sera séminariste au Mans, à Précigné, et enfin aux Missions Étrangères de Paris, d'où il est renvoyé, jugé inapte aux missions de Chine. Il est pourtant accueilli chez les Oblats de Marie Immaculée, au noviciat de Notre-Dame de l'Osier (Isère), où il fait profession le 1er janvier 1853. Le 23 avril 1854, Vital est ordonné prêtre par Mgr de Mazenod, fondateur et supérieur général de la congrégation. Peu après, au Havre, Vital s'embarque pour la lointaine Rivière Rouge, au Manitoba. Lui, qui songeait aux missions depuis son jeune âge... il sera servi à souhait!


Moi, évêque ?

Le 11 décembre 1857, le père Grandin est nommé évêque de Satala et coadjuteur de Saint-Boniface. En raison des difficultés de communication avec Fort Chipewyan, où il se trouve, il ne l'apprend que sept mois plus-tard. Âgé de 28 ans, et prêtre depuis trois ans seulement, il est consterné. Il se croit victime d'un rêve, d'une méprise. Il se récuse, plaide son inexpérience, sa santé fragile, etc.. Par soumission cependant, il accepte. Vital Grandin, pâtre fragile et délicat, devient bon pasteur. Il est ordonné évêque à Marseille par Mgr de Mazenod le 30 novembre 1859. Pour devise, il choisit une parole de saint Paul: « Infirma mundi elegit Deus » (Dieu choisit les faibles de ce monde). Il sera berger attentif, patient, généreux, compatissant. Il vivra d'humilité, d'abandon à la Providence. Sa carrière durera un demi-siècle. Septième dans la lignée des 137 évêques que les Oblats comptaient en l'an 2000, il s'en avérera l'un des plus illustres! Le 22 septembre 1871, il est nommé premier évêque de Saint-Albert, diocèse qui couvrait alors l'Alberta et une grande partie de la Saskatchewan actuelle et qui est devenu, en 1912, l'archidiocèse d'Edmonton.


Trajectoire escarpée

À corps perdu, ce catéchète infatigable entreprend la visite de ses ouailles, éparpillées dans un diocèse de 1 800 000 milles carrés. Les seules voies de communication sont les cours d'eau et l'immensité des glaces et des neiges, surnommée l'enfer blanc. Il sera victime des intempéries, des moustiques, de la vermine, des ampoules, des irritations, de plaies béantes, d'engelures du froid qui brûle, etc. Il fut surtout un inlassable marcheur dans la neige, derrière la traîne ou devant les chiens. On a calculé que, dans ses voyages en raquettes, en canot d'écorce ou en traîneau à chiens, il a parcouru une distance égale à sept ou huit fois le tour de la terre. Il disait « avoir été ordonné évêque plutôt pour ses longues jambes que pour sa tête ». Il souffrit du mal des raquettes (déhanchement). L'inséparable compagne de ses voyages fut la faim. Son estomac malade se révoltait contre les aliments grossiers qu'il absorbait; ses indigestions se terminaient parfois par des saignements. À la fatigue extrême qu'il ressent à lutter contre les éléments déchaînés dans ses voyages périlleux, s'ajoutent les accidents, sur l'eau, dans les portages, les blizzards. Plus d'une fois, il remet son âme à Dieu, croyant sa dernière heure venue. Lors d'un naufrage en canot, il perd tout ce qu'il avait rapporté d'une fructueuse tournée en Europe, dont un ciboire et un calice en vermeil, que Pie IX lui avait donnés. Dans son journal intime, Mazenod note: « Ces missions du Grand Nord sont horriblement pénibles. Quand je pense aux souffrances des nôtres, à leur isolement et à leurs privations, je suis pris d'émotion, Quand je songe à ce qu'ils sont réduits à manger, la fourchette me tombe des mains. » Louis Veuillot, surnomme Mgr Grandin l'évêque pouilleux, mendiant du Christ. Pie IX lui écrit: « Vous avez le mérite du martyre sans en avoir la gloire. » En vérité, Mgr Grandin fut un évêque de peine.


Mission accomplie


À 50 ans, Mgr Grandin se dit usé, infirme: « Je viens de terminer l'année la plus pénible de ma vie. » Il tiendra encore 23 ans! Il écrit: « Dans cette nuit, je porte la lumière; dans ces glaces, l'amour; dans cette mort, la vie, la vérité, la charité. » Il trouve son réconfort dans la prière, dans son union à Dieu, dans sa dévotion à l'Eucharistie et à la Vierge Marie. C'est un grand priant. Mgr Grandin fut un géant de l'évangélisation. Ce timide a osé des gestes courageux. Il a défendu les écoles catholiques, l'égalité raciale. Il a combattu le fanatisme des protestants, la déchéance de certaines tribus. Il a organisé le diocèse de Saint-Albert. Il a laissé paroisses, dessertes, orphelinats, écoles, hôpitaux et un petit séminaire. Avant de mourir, Mgr Grandin, héroïque évangélisateur du Grand Nord et des Prairies, a pu ordonner son successeur, Mgr Émile Legal, Oblat comme lui. Mgr Grandin décédait à Saint-Albert, Alberta, le 3 juin 1902, à 73 ans. Villages, lacs, rues et cantons, surtout dans l'Ouest, portent le nom de Grandin, de même qu'une province oblate, couvrant la Saskatchewan, l'Alberta et les Territoires du Nord-Ouest. On trouve également une rue Monseigneur-Grandin à Sainte-Foy, Québec. Sa Cause a été introduite à Rome le 24 février 1937. Le 15 décembre 1966, Vital Grandin était déclaré Vénérable par le Pape Paul VI. Puissent nos prières obtenir, par son intercession, le miracle requis pour qu'il soit reconnu Bienheureux.

Alphonse Nadeau, O.M.I.


Bibliographie


« Mgr Grondin, O.M.I, premier évêque de Saint-Albert », Émile Jonquet, O.M.I. Montréal, 1903.

« Vital Grondin, O.M.I. La merveilleuse aventure de l'évêque des Prairies et du Grand Nord, Paris, Paul-Émile Breton, O.M.I. », Ed. Fayard, 1960.

« Les débuts de la mission dans le Nord-Ouest canadien. Mission et Église chez Mgr Vital Grondin, O.M.I. », Claude Champagne, O.M.I. Ottawa, Éd. de l'Université Saint-Paul, 1983.


Pour plus d'informations


Centre Vital-Grandin,

5, avenue Saint-Vital,

SAINT-ALBERT (Alberta) T8N 1K1


Net: http://postulationomifr.weebly.com/grandin.html


« J'ai tout quitté pour Dieu. Pour lui, je veux me dépenser, jusqu'à la fin. La croix reçue au jour de mon oblation m'est infiniment précieuse, elle est mon unique consolation. » (Vital Grandin)



16/02/2009
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 748 autres membres