Spiritualité Chrétienne

Spiritualité Chrétienne

Saint Valéry de Leuconaüs

Saint Valéry de Leuconaüs

v.550-622

12 décembre

 

Saint Valéry, en latin Walaricus ou Galaricous, naquit en Auvergne, d'une famille pauvre et obscure. On ignore le lieu précis de son origine mais on sait qu'il passa sa jeunesse à garder les troupeaux. Il avait un grand désir de s'instruire, et les moyens lui manquaient. Un jour, étant à la garde des brebis de son père, il entendit parler de quelques écoles du voisinage, où les enfants des nobles familles étaient élevés dans l'étude il soupira dès lors après le bonheur de participer au même bienfait. Il alla prier un de ces maîtres de la jeunesse de vouloir bien lui tracer les figures des lettres, et de lui apprendre à les connaître ce à quoi celui-ci se prêta volontiers. Valéry, revenu à la garde de son troupeau, repassa dans sa mémoire ce qu'on venait de lui enseigner, et, à l'insu de ses parents, développa avec tant d'assiduité ces premières notions, qu'il parvint en peu de temps à savoir lire et écrire. Le premier usage qu'il fit de ces connaissances fut de transcrire le Psautier, qu'il apprit en entier par cœur. Il commença dès lors à fréquenter plus assidûment l'église, à suivre les chants du chœur peu à peu, la grâce de Dieu agissant, il sentit son âme s'enflammer des choses célestes. C'était, sans doute, dans quelque église de monastère qu'il se rendait ainsi on en peut présumer que l'aspect de religieux édifiants éveilla en lui ce goût de recueillement et de solitude, qui le domina toute sa vie.

 

Un oncle qu'il avait, se rendant un jour au monastère d'Autumon ou d'Autoin (1), Valéry l'y accompagna. Il y passa quelque temps ; son désir d'entrer dans la vie religieuse devint alors tellement vif, qu'il ne fut plus possible de le décider à en sortir. Son père vint inutilement le prier de rentrer chez lui Valéry répondit qu'il ne reverrait plus jamais la maison paternelle. L'abbé et tous les religieux réunirent leurs instances à celles du père ils ne purent triompher de sa résolution. Ni la douceur, ni la sévérité, ni les jeûnes rigoureux qu'on lui imposa, ni même la menace de châtiments corporels, ne le firent fléchir il se souvenait, dit l'historien, de ces paroles de Jésus-Christ : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, n'est pas digne de moi ». À la fin, l'abbé, reconnaissant qu'une vocation aussi ferme ne pouvait venir que du ciel, dit à ses frères : « Ne rejetons pas le don de Dieu ». Selon toute apparence, le père lui-même se rendit à ces signes évidents de la volonté divine, et consentit à se séparer de son fils car, peu de jours après, il était présent au monastère, quand l'abbé d'Antoin, donnant la tonsure cléricale à Valéry, l'engageait irrévocablement au service du Seigneur.

 

Le jeune novice fit de rapides progrès dans la vertu, au point de devenir bientôt le modèle de ses frères. On ne se lassait pas d'admirer sa patience, son amour de la mortification, sa prudence, sa douceur, son angélique piété. On le trouvait toujours prêt pour les œuvres de charité ; aussi était-il universellement aimé. Du reste, la grâce intérieure semblait chez lui se refléter au dehors, et répandre sur ses traits je ne sais quoi d'aimable qui charmait tous les regards. Une maturité au-dessus de son âge s'adjoignait à ces hautes vertus il devenait visible que Dieu le destinait à quelque grand dessein. Bientôt, en effet, Valéry, initié de si bonne heure aux secrets de la piété, sentit le besoin d'agir et de verser au dehors le feu qui le consumait. Il était, d'ailleurs, trop près de ses parents : comme les illustres solitaires de cette époque, il sentit que le détachement ne peut être parfait tant que l'on vit au sein de sa patrie.

 

Il partit donc pour Auxerre. La renommée lui avait appris que l'évêque Aunachaire (2) avait établi, sous l'invocation de saint Germain, un monastère dans le faubourg de cette ville, qu'il y habitait lui-même et y donnait l'exemple de toutes les vertus. Valéry s'y rendit, et fut accueilli avec bonté par le prélat. Dans cette nouvelle retraite, plus libre et plus dégagé de tout lien terrestre, il se livra avec une nouvelle ardeur aux exercices de la pénitence, aux veilles, aux jeûnes et à l'oraison : en sorte qu'il semblait moins mener la vie d'un homme que celle d'un ange.

 

Sa réputation s'étendit bientôt au loin. Un seigneur nommé Bobon, aussi riche qu'illustre, entendit parler de notre jeune religieux, et voulut le voir. A peine eut-il abordé Valéry, qu'il se sentit gagné par la douceur de sa parole et la bonne odeur de ses vertus. Les instructions du jeune moine pénétrèrent si avant dans l'âme du seigneur, que celui-ci se sentit pressé de renoncer au monde, pour se donner tout à Dieu. Il ne retourna pas même chez lui, se dépouilla entièrement de sa fortune, et embrassa la pauvreté évangélique.

 

La célébrité qui s'attache aujourd'hui aux savants était alors réservée aux saints. Un personnage illustre par ses vertus devenait comme le point de mire vers lequel tous les yeux se portaient. Saint Colomban était un de ces hommes que le ciel donne en spectacle à la terre. Ses prédications dans les Gaules, ses grandes vertus, les miracles qu'il opérait, le nombre de ses disciples et la régularité qui régnait parmi eux : tout était propre à exciter le désir de le voir, de l'entendre, de servir Dieu sous ses ordres. Valéry espérait surtout trouver en lui de nouvelles lumières ou de plus puissants exemples ; il résolut de partir pour Luxeuil. Bobon voulut le suivre. Leur attente ne fut pas trompée : Colomban était l'homme qu'ils cherchaient. Le spectacle des communautés qu'il dirigeait les édifia au plus haut degré. Ils virent une société d'hommes étrangers au monde, morts à la vie des sens, n'ayant rien en propre, unis par la plus étroite charité, et se succédant perpétuellement pour chanter les louanges de Dieu. Valéry et Bobon, au comble de leurs vœux, demandèrent et obtinrent place dans cette brillante communauté. C'était vers l'an 594.

 

D'après la règle de saint Colomban, le travail de la terre faisait partie de l'occupation des religieux les novices, en particulier, devaient soigner le jardin. Valéry fut appliqué à cet emploi, destiné surtout à inspirer la vertu d'humilité ; mais, comme rien n'est petit pour un serviteur de Dieu, il sut relever cet office par l'esprit de piété dont il l'animait ; et Dieu lui-même se plut à manifester par un prodige combien cet esprit lui était agréable. Cette année-là, quantité d'insectes dévoraient les herbes et les fruits ; or, il arriva que la portion de jardin cultivée par l'humble moine fut entièrement épargnée par le fléau. Saint Colomban fut surpris d'y voir partout la fraîcheur et la verdure, les légumes sains et intacts, et il l'attribua à l'humilité et à l'obéissance de son fervent disciple. Celui-ci, au contraire, attribuait tout au mérite de ses frères ; car, ce qu'il redoutait le plus après le péché, c'était la louange. Bien qu'il ne fût novice que depuis peu, Colomban l'admit parmi les profès, estimant qu'il n'y avait pas lieu de soumettre à de plus longues épreuves celui que le ciel même honorait ainsi de ses faveurs.

 

Un jour le saint Abbé, expliquant à ses moines le sujet de la lecture, sentit tout à coup comme une odeur céleste remplir l'appartement. Il demanda quel était le religieux qui venait d'entrer et, comme on lui répondit que c'était Valéry, saisi d'un pieux transport, il s'écria : « Ô mon bien-aimé, c'est vous qui êtes le véritable seigneur et abbé de ce monastère ».

 

Il serait difficile de préciser le temps que Valéry passa sous la direction de saint Colomban on peut cependant présumer que ce fut environ quinze ou seize ans (594-610). Il était encore à Luxeuil quand le roi Thierry contraignit le saint Abbé de quitter son monastère. Témoin de la désolation que le départ de l'illustre fondateur causait à ses enfants, il sentit son cœur se déchirer en adressant à son maître vénéré un dernier adieu. Nul doute qu'il n'eût volontiers accompagné le glorieux exilé mais les ordres de Thierry étaient formels les Irlandais et les Bretons pouvaient seuls suivre Colomban. Cependant un religieux, nommé Waldolène, avait demandé la permission d'aller au loin prêcher l'Evangile. Tel était le zèle qui consumait alors les moines dans leur solitude les monastères n'étaient guère que des ruches fécondes, où se formaient des ouvriers évangéliques. Colomban ayant consenti à cette demande, Waldolène sollicita la faveur d'emmener Valéry, à qui une vive affection l'unissait. Colomban, qui aimait aussi ce fidèle disciple, répondit à Waldolène : « Le but que vous vous proposez est bon mais sachez que le compagnon que vous demandez est un grand serviteur de Dieu. Gardez-vous donc de lui causer la moindre peine, de peur de vous exposer à des regrets ». Pour des raisons que nous ne connaissons pas, le départ des deux missionnaires n'eut pas lieu alors et le monastère y gagna un secours utile, dans les circonstances difficiles où il se trouvait.

 

En effet, à peine Colomban était-il parti, que l'abbaye devint, pour ainsi dire, la proie de ses ennemis. Par les ordres, ou au moins du consentement de Thierry, des séculiers envahirent ses possessions, et jusqu'à ses bâtiments, où des bergers n'avaient pas craint d'établir leur domicile. Saint Eustaise, élu abbé, s'efforça de repousser ces injustes agressions, et fut puissamment secondé par Valéry. Une partie des religieux voulaient recourir aux moyens violents : Eustaise et Valéry s'y opposèrent. Ce dernier, rentrant un jour d'une excursion au désert, où il aimait à se retirer, à l'exemple de saint Colomban, trouva le lieu saint même occupé par les étrangers. Saisi d'un saint transport de zèle il implore le secours de Dieu, et réussit à faire cesser le scandale. Sa douceur et son éloquence persuasive, ainsi que celle d'Eustaise, décidèrent peu à peu les usurpateurs à se retirer, et le monastère recouvra ses possessions et sa tranquillité. Seulement, un des moines, emporté par un faux zèle, voulut employer la violence, malgré la défense d'Eustaise ; s'étant fait suivre de quelques frères, il engagea un combat, où il reçut une blessure dont il garda la trace toute sa vie, en signe de sa désobéissance.

 

Il semble que le départ de saint Colomban aurait dû déterminer Waldolène et Valery à exécuter leur projet. Cependant, si l'on en croit un auteur, Eustaise l'aurait retardé encore, en confiant à Valéry le gouvernement de l'abbaye, durant le voyage qu'il fit à Bobbio pour tenter d'en ramener saint Colomban.

Mais la paix une fois rétablie dans le monastère, les deux Saints résolurent de donner carrière à leur zèle apostolique. Ils prêchèrent dans différentes provinces environ deux années, opérant partout de nombreuses conversions. Arrivés en Neustrie, ils demandèrent au roi Clotaire la permission de se fixer dans ses Etats. Ce prince, qui aimait et favorisait Luxeuil, les accueillit avec bienveillance, et leur permit de s'établir où ils voudraient. Ils se dirigèrent du côté d'Amiens.

 

Comme ils arrivaient à Gamaches (Wahmago), un seigneur appelé Sigobard tenait, suivant l'usage du temps, des assises où il jugeait les gens de ses domaines. Il venait de condamner un homme à mort, et déjà la sentence s'exécutait. En voyant de loin le patient suspendu à la potence, Valéry sent ses entrailles émues ; il court de toutes ses forces vers le lieu du supplice, mais il arrive trop tard : le condamné venait d'expirer. Les bourreaux mêmes défendent au Saint d'approcher et de toucher le cadavre ; lui, sans les écouter, coupe la corde, reçoit le mort dans ses bras, le dépose à terre ; puis, se couchant sur lui face contre face, il prie avec ferveur et répand d'abondantes larmes. Le Seigneur exauça le vœu d'une si ardente charité à la grande stupéfaction de tous ceux qui étaient là, la vie rentre dans les membres du supplicié, et bientôt il se lève plein de force et de santé. Le miracle était évident Valéry supplie Sigobard de laisser libre celui qu'il vient de rendre à la vie. Mais le cruel seigneur refuse, et ordonne qu'on pende de nouveau le criminel. Alors Valéry s'écrie : « Vous avez déjà exécuté votre sentence, et si cet homme vit encore, c'est par un miracle de la miséricorde divine. Vous ne me l'arracherez pas, ou vous me ferez mourir avec lui. Que si vous dédaignez de prêter l'oreille à un humble serviteur du Christ, souvenez-vous que le Dieu créateur ne méprise pas ceux qui l'invoquent, il nous exaucera parce que nous combattons pour ses lois ». Sigobard se laissa fléchir par ces prières, et fit grâce au coupable, qui vécut encore de longues années après. On montrait, jusque dans ces derniers temps, une chapelle élevée à Amiens, sur le lieu même où, d'après la tradition, ce miracle s'était opéré.

Une pieuse dame, nommée Bertille, offrit un asile aux deux Saints. Elle reconnut bientôt dans Valéry un homme privilégié du ciel. Dès lors elle ne le considérait plus qu'avec une sorte de vénération. Un jour, elle le pria en grâce de lui permettre de l'ensevelir, s'il mourait avant elle. Confus et étonné qu'on le jugeât digne du moindre honneur, le Saint éluda la demande en répondant : « C'est à Dieu d'agir en cela qu'il fasse selon son bon plaisir ! » Il s'estimait au-dessous de toutes les créatures.

 

Cependant les deux Solitaires cherchaient le coin de terre où ils pourraient se fixer, pour vaquer à la contemplation. L'évêque d'Amiens, Berchond, avait coutume de se retirer dans un lieu désert, pour se soustraire aux bruits du monde ce lieu, d'un sol riche et fertile, entouré de forêts, baigné d'un côté par la mer, de l'autre par la Somme, et couronné au fond par des rochers à pic, s'appelait Leuconaüs (Leuconay). Il conseilla à Valéry d'aller s'y établir ; Valéry céda au conseil de l'évêque. Retrouvant son Dieu dans la solitude, il s'adonna avec plus d'ardeur encore à la prière, au jeûne, et à tous les exercices de la pénitence. Son unique ambition était d'échapper à tous les regards, pour se perdre en Dieu. Mais déjà le bruit de sa sainteté s'était répandu au loin le miracle qu'il avait opéré devant tant de témoins avait révélé en lui ce qu'il eût tant désiré cacher. Bientôt une foule de disciples vinrent se mettre sous sa direction. Le désert de Leuconaüs changea tout à coup d'aspect là où régnait naguère une profonde solitude, connue seulement d'un saint évêque, s'élevaient de nombreuses cellules et un temple là où les hurlements des bêtes fauves avaient seuls trouvé un écho, retentissaient jour et nuit les louanges du Seigneur. Tel fut le commencement de l'abbaye de Leuconaüs ou Saint Valéry, si célèbre dans l’Église. Fondée vers 613, c'est-à-dire trois ans après l'expulsion de saint Colomban, elle fut établie sous la règle de ce grand serviteur de Dieu.

 

Valéry n'avait pu se refuser à recevoir les fidèles qui venaient se ranger autour de lui mais, prévoyant les distractions que lui occasionnerait inévitablement le soin d'une communauté, il songea à se créer une nouvelle retraite, une solitude au milieu de la solitude. Il se construisit donc une cellule à part, où il se tenait isolé, pendant que ses religieux vivaient en commun. Il n'en était pas moins le guide et comme l'âme de son monastère. Le roi Clotaire, dont la bienveillance avait suivi nos Saints, apprit avec joie la nouvelle de cette fondation, et se chargea de pourvoir à la subsistance des moines, en leur envoyant des vivres.

 

Valéry ayant ainsi trouvé l'objet de ses vœux, s'appliqua avec un soin particulier à sa propre perfection. Il pouvait enfin se livrer sans obstacle à ce goût sublime de la contemplation, dont il était épris. Mais plus il s'efforçait de se cacher aux hommes, plus Dieu se plaisait à faire éclater sa sainteté. Il fut favorisé du don des miracles ; et, quelque soin qu'il prît de contenir, en quelque sorte, la vertu qui opérait en lui, il ne pouvait l'empêcher de se faire jour. De là lui venait une célébrité, importune à son humilité, mais à laquelle il ne lui était plus donné de se soustraire.

 

Un habitant des bords de l'Oise, nommé Blitmond, était affligé d'une faiblesse de membres si grande, qu'il ne pouvait se tenir debout. Il vint trouver Valéry, sur le bruit de sa sainteté, et se recommanda à ses prières. Touché de son triste état, le pieux solitaire se mit en oraison, puis lui imposa les mains, en levant les yeux au ciel. Il toucha ensuite les membres malades, et partout où sa main passait, les plus vives douleurs se faisaient sentir. Mais en même temps la vie y renaissait avec la force bientôt Blitmond fut rendu à une parfaite santé. Les nombreux témoins de ce miracle en rendirent hautement grâces à Dieu, et Blitmond lui-même ne crut pouvoir mieux en témoigner sa reconnaissance qu'en se rangeant parmi les disciples du Saint. Il se fixa à Leuconaüs, où Valéry prit de lui un soin particulier, et profita si bien des leçons et des exemples de son maître, qu'il mérita de lui succéder dans la direction du monastère. L’Église l'honore comme saint.

 

Valéry délivra un grand nombre de possédés du démon. Pour cette sorte de guérison, il avait, selon le conseil du divin Maître, recours au jeûne et à la prière, aussi était-il la terreur des esprits impurs, qui s'écriaient en sa présence : « Cet homme nous tourmente Valéry est notre ennemi ». Il fut aussi honoré du don de prophétie. Plus d'une fois, il réprimanda en public des fautes qui avaient été commises dans le secret ; il en résulta que, pour éviter cette humiliation, ses religieux s'empressaient de lui avouer ce qu'ils avaient de plus caché, convaincus que rien n'échappait à l'œil divinement éclairé de leur maître. C'est ainsi encore qu'un jour de Saint Martin il reprit deux frères pour avoir bu avant la messe et, une autre fois, un autre homme qui avait commis la même faute, avant d'assister au sacrifice du dimanche, car dans les premiers siècles de l’Église on devait entendre la messe à jeûn. Les coupables se jetèrent à ses genoux, demandèrent pardon, et promirent de se corriger. Une dame pieuse lui ayant envoyé des vivres par son fils, celui-ci succomba à une tentation de gourmandise, et cacha une partie de ce qu'il portait, pour le reprendre au retour. Le Saint lui dit : « Nous rendons grâces à Dieu des biens qu'il nous envoie par vos mains. Quant à vous, mon fils, prenez garde de manger du pain et de boire du flacon que vous avez cachés en venant car un serpent est caché dans ce vase, et ce pain est empoisonné ». L'enfant, épouvanté, retourna vers le lieu où ses provisions étaient enfouies, et reconnut la vérité de ce que le serviteur de Dieu lui avait dit. Il revint tremblant se jeter à ses pieds, et lui demander pardon de sa faute.

 

Si une foi ardente était nécessaire dans notre Saint pour opérer ces prodiges, elle ne l'était pas moins dans ceux qui en étaient les objets. Un jour, un homme, atteint à l'œil d'une pustule fort dangereuse, vint trouver Valéry. Celui-ci se contenta de faire sur lui le signe de la croix, et lui ordonna de s'en retourner à l'ouvrage. Le malade hésitait à obéir, ne pouvant sans doute se persuader qu'une guérison miraculeuse se fît à si peu de frais. Valéry, le voyant balancer, lui dit : « Vous doutez ? Eh bien retournez chez vous et refusez tout remède, même celui que votre femme vous présentera. Sinon, vous guérirez de cette infirmité, mais vous en porterez la marque toute votre vie ». Ce qui était prédit arriva. Cet homme à la foi chancelante reçut de la main de sa femme la potion qu'elle lui présentait, et s'appliqua encore d'autres remèdes, dans l'espoir de guérir son mal. Il échappa en effet à la mort mais il resta borgne toute sa vie. « On ne finirait pas, ajoute l'historien, si on voulait raconter combien il guérit de malades en faisant sur eux le signe de la croix, ou en les frottant de sa salive ».

 

Le goût de la solitude n'éteignait point chez Valéry le zèle apostolique. L'idolâtrie régnait encore dans quelques contrées des bords de l'Océan. Le Saint voyait avec une extrême douleur des populations entières adonnées à de grossières erreurs il s'appliqua à les en délivrer. À mi-chemin entre le monastère et la ville d'Eu, à Ouste-Marais, dépendance de Meneslies (canton d'Ault), non loin de la Bresle, se trouvait, près de cette rivière, un chêne énorme, sur lequel on avait tracé une foule d'images païennes, devenues un objet de culte pour les peuples circonvoisins. Passant un jour par là, Valéry se sent enflammé d'un saint zèle, et ordonne à un jeune moine qui l'accompagnait de renverser cet arbre. Le disciple, qui était chaque jour témoin des prodiges opérés par son maître, n'hésite pas un seul instant il touche l'arbre du doigt, et aussitôt celui-ci tombe avec fracas, comme s'il eût été frappé de la foudre. Cet événement jette dans la stupeur les païens qui sont présents ; mais bientôt ils passent de la surprise à la fureur, et se précipitent, armés de haches et de bâtons, sur le Saint, en qui ils s'apprêtent à venger l'outrage fait à leurs divinités. Valéry, sans s'émouvoir, dit : « Si c'est la volonté de Dieu que je meure, rien ne pourra leur résister ». Mais tout à coup une force invisible retient les bras de ces furieux, l'épouvante les saisit, et le Saint est sauvé. Profitant alors de la circonstance, il leur parle avec force de leur aveuglement, et les exhorte à quitter leurs idoles pour le vrai Dieu. Sa parole pénétra ces cœurs aveugles ; tous se convertirent, et plus tard, sur ces lieux mêmes, c'est-à-dire à Ponts, qui touche à Oust-Marais, une basilique s'éleva, sous l'invocation de saint Valéry, au-dessus de la fontaine où la tradition porte que le Saint s'était lavé. Beaucoup de miracles s'y opérèrent dans la suite.

 

Un jeune enfant, nommé Ursin, proche parent de Mauronte, l'un des premiers dignitaires du palais, avait à la cuisse une blessure qui mettait sa vie en danger. Le père de cet enfant avait peu de foi à la vertu divine mais ses parents l'apportèrent à l'abbé de Leuconaüs, qui le délivra aussitôt de son infirmité. Un autre seigneur lui présenta également son fils, tourmenté d'un mal affreux et rebelle à tous les remèdes, le priant, s'il ne voulait le guérir, d'avoir au moins la bonté de l'ensevelir. Le Saint répondit :« Celui qui a tiré du tombeau Lazare mort depuis quatre jours, peut certainement rendre la santé à cet enfant ». Aussitôt il le touche, et le mourant reprend vie et force, et demande à manger. Audebert, c'était son nom, vécut longtemps après, et servit Dieu fidèlement.

 

Valéry, du sein de sa solitude, répandait ainsi au loin la bonne odeur de Jésus-Christ. Apôtre zélé, il se portait tour à tour sur les différents points de la contrée, évangélisant les pauvres, tonnant contre les vices, semant partout la bonne doctrine : il se faisait ordinairement suivre d'un ou plusieurs disciples, qu'il exerçait ainsi au ministère de la parole. C'était le genre d'apostolat le plus usité alors, et le mieux approprié aux besoins de la société. Il fallait, pour convertir les populations grossières, adonnées aux plus stupides erreurs, des spectacles frappants et quoi de plus frappant que ces moines austères, enfoncés dans la solitude, ne vivant que d'herbes sauvages, priant jour et nuit, et ne sortant de leurs retraites que pour annoncer les oracles du ciel ? À travers leurs instincts grossiers, les barbares de cette époque sentaient qu'une puissance surhumaine agissait dans ces hommes extraordinaires. Ajoutons que presque toujours les missionnaires étaient favorisés du don de miracles en sorte que ceux qui avaient résisté à l'action de la parole s'inclinaient devant la force du prodige. Convenons cependant qu'il y avait encore des endurcis, comme Valéry l'éprouva dans une circonstance que son biographe raconte en ces termes :

 

« Il revenait un jour de Caldis (3) au monastère, en compagnie de quelques-uns de ses disciples. La rigueur du froid l'obligea à demander asile à un prêtre qui logeait sur la route. Par hasard, le juge du lieu se trouvait là ; mais, au lieu d'accueillir avec les égards convenables le saint missionnaire qui leur demandait l'hospitalité, ces indignes personnages se laissèrent aller à des propos malhonnêtes et à d'obscènes plaisanteries. Valéry leur fit de sages remontrances sur l'inconvenance de ce procédé, et leur rappela le compte sévère que nous devons rendre un jour de toute parole oiseuse, à plus forte raison de tout discours licencieux. Cet avertissement ne toucha point ces libertins, qui n'en donnèrent que plus libre cours à la malice de leurs cœurs. Alors le Saint s'écria : « Je vous demandais un abri d'un moment contre les rigueurs du froid mais vos affreux discours m'obligent à me passer de ce soulagement ». Et il sortit en secouant la poudre de ses pieds. Aussitôt la Justice divine prit soin de venger l'injure faite à son serviteur. De ces deux misérables, l'un, le prêtre, perdit la vue, et l'autre fut affligé d'une horrible maladie. Ils reconnurent la main qui les frappait, et supplièrent le Saint de revenir sur ses pas et de rentrer pour se réchauffer mais il ne le voulut point. Le prêtre resta aveugle toute sa vie, et le juge périt misérablement du mal honteux qui l'avait atteint ».

 

Les Saints n'ont dû qu'à leurs éminentes vertus, l'empire dont ils jouissaient sur la nature. Or, sous ce point de vue, Valéry peut être cité comme un modèle accompli. Toutes les vertus chrétiennes se rencontraient dans sa belle âme. Sa chasteté était si parfaite, que jamais une pensée impure ne le souilla. Chaque fois qu'il se mettait en prière, ou qu'il assistait au chœur ou même qu'il prêchait à ses disciples, des larmes abondantes inondaient ses joues, tant sa dévotion était tendre. Souvent, il passait la nuit entière en oraison ; souvent aussi, il se retirait dans l'épaisseur des bois ou dans le creux des rochers, ou s'enfermait dans sa cellule pour vaquer à la contemplation des choses saintes, et dérober aux regards des hommes les saintes extases dont le ciel l'honorait. Sa mortification était extraordinaire : il n'avait pour couche qu'une claie d'osier, pour vêtement qu'une grossière tunique surmontée d'une capuche il s'interdisait l'usage du lin. Il ne prenait de nourriture qu'une fois la semaine, le dimanche. Il n'usait ni de vin, ni de bière, ni d'aucune liqueur enivrante seulement, lorsque quelque étranger venait au monastère, il en buvait un peu par complaisance pour ses hôtes. Chaque jour il récitait deux offices complets celui du monastère et celui de l'église de France le reste de son temps il l'employait à la prédication, à la lecture, à l'oraison ou au travail des mains. Ses journées ainsi remplies, il ne lui restait que peu d'instants pour le sommeil. Sa charité envers les pauvres n'était égalée que par sa confiance en Dieu. Plus d'une fois il se dépouilla de son propre vêtement, pour en revêtir quelque membre souffrant de Jésus-Christ et tant qu'il restait quelque chose au monastère, il donnait aux mendiants, sans s'inquiéter du lendemain. Et quand il s'élevait là-dessus quelque murmure parmi les religieux, il répondait doucement : « Mes enfants, tenez pour certain que celui qui donne de bon cœur son nécessaire à ceux qui le lui demandent, ne sera jamais abandonné de Dieu ». Ces paroles ne furent pas démenties une main inconnue venait toujours à point réparer les vides faits par la charité.

 

Les animaux eux-mêmes étaient l'objet de ses soins, nous dirions presque de sa tendresse. Il aimait, comme plus tard on a vu saint François d'Assise, à nourrir les petits oiseaux, qui venaient familièrement voltiger autour de lui, se poser sur ses épaules et manger dans sa main. Si par hasard un des frères approchait et épouvantait ces petites bêtes, il le faisait retirer en disant : « Laissez ces innocentes créatures manger en paix leur petit grain ».

 

La douceur semble avoir plus particulièrement caractérisé ce grand Saint. Toute sa vie est comme empreinte de cette admirable vertu il n'a rien de cette sorte d'âpreté que le séjour de la solitude imprimait quelquefois aux moines de cette époque. Formé à une école où la rigidité formait le fondement de la règle, Valéry n'en avait pris que l'huile de Fonction. Il demandait à la douceur ce que d'autres auraient cru devoir obtenir par la fermeté. Son historien atteste qu'il s'efforçait sans cesse d'atténuer la rigueur de la discipline, mais dans la mesure prescrite pour ne rien lui ôter de son nerf. Sa bonté à l'égard des jeunes gens surtout était extrême bien que vivant sous la règle de saint Colomban, il n'appliquait que rarement les sévères punitions exigées par le Pénitentiel. Quand un moine avait encouru quelque peine corporelle, il le faisait venir, et lui disait avec douceur : « Voyez, mon fils, quel est le châtiment que vous venez de mériter. Rentrez en vous-même, rougissez de votre faute, et que pour cette fois votre honte soit votre unique punition ». Par ce moyen, ajoute le biographe, il ramenait les délinquants plus facilement et plus sûrement que par la sévérité.

 

Son aspect physique concordait, du reste, avec ce caractère de douceur et de bienveillance qui lui était propre. Une aimable sérénité brillait toujours sur son visage, sa parole était grave et mesurée, sa taille élevée, mais grêle il avait, ajoute l'historien, les yeux d'une beauté remarquable, et la physionomie gracieuse, malgré la pâleur et l'extrême maigreur de sa figure, causées par ses mortifications excessives. L'amour divin et l'énergie de sa volonté soutenaient si bien ses forces, que jamais il ne manqua à aucun des devoirs de sa charge. Quand il devait opérer la guérison de quelque maladie, ou révéler l'avenir ou quelque chose d'inconnu, ses joues s'enflammaient et son visage resplendissait d'un éclat particulier signe évident de l'esprit surnaturel qui agissait en lui. Du reste, sa pureté était si grande, qu'il garda sa virginité sans tache jusqu'à sa mort.

 

C'est dans l'exercice de ces vertus que s'écoulait cette précieuse existence. Il y avait six ans, selon les uns, neuf ans, selon les autres, qu'il habitait Leuconaüs, quand le Seigneur jugea à propos de l'appeler à lui. Une révélation particulière l'avertit que sa mort était proche. Un jour de dimanche, comme il rentrait au monastère, en passant sur la hauteur de la butte du cap Rornu, où il se retirait souvent pour prier, il s'arrêta au pied d'un arbre, prit deux branches qu'il fixa en terre, et dit aux religieux qui l'accompagnaient : « C'est ici que vous m'ensevelirez, quand il aura plu au Seigneur de terminer ma carrière mortelle ». Une révélation divine lui avait sans doute appris que le saint évêque Berchond avait coutume de suspendre à cet arbre les reliques des Saints, lorsqu'il venait y prier. Dès ce moment, ses frères comprirent qu'il ne tarderait pas à les quitter. En effet, peu de temps après, un jour de dimanche encore, il rendit paisiblement son âme à Dieu, le 1er avril 619. On l'enterra au lieu qu'il avait désigné, et où l'on a érigé depuis une chapelle. Bientôt son tombeau devint célèbre par de nombreux miracles. On éleva plus tard une basilique en son honneur, sur l'emplacement même de l'arbre consacré aux idoles, qu'il avait miraculeusement renversé.

 

On lui a donné pour attribut des oiseaux qui volettent sur ses épaules ou qu'il réchauffe dans ses mains. Sa tête est rasée. La longue robe des Bénédictins descend en plis gracieux jusque sur ses pieds.

 

Cultes et reliques de Saint Valéry

 

Après sa mort, la communauté qu'il dirigeait, obligée de fuir devant d'injustes oppresseurs, se dispersa ; et Leuconaüs redevint un aride désert. Alors Berchon, affligé que le corps du Saint ne fut plus entouré des honneurs qui lui étaient dus, forma le projet de le transporter dans sa cathédrale d'Amiens. Mais on essaya vainement de l'enlever de son tombeau : une puissance irrésistible paralysa tous les efforts ; on ne put venir à bout de le soulever de terre le bienheureux Valéry témoignant par là qu'il voulait encore habiter après sa mort les lieux qu'il avait honorés par ses vertus.

 

Cependant, quelques années après, l'orage étant passé, Blitmond, autrefois miraculeusement guéri par le Saint, et retiré à Bobbio depuis la mort de son maître, demanda à l'abbé Attale la permission de revenir à Leuconaüs. Celui-ci résista longtemps. À la fin, averti par une vision que telle était la volonté du ciel, il permit à son disciple d'exécuter son projet. Blitmond revint donc à Leuconaüs vers l'an 627, et y vécut une année en simple ermite. Puis il obtint du roi Clotaire et de l'évêque d'Amiens la permission d'y construire un vaste monastère et une magnifique église, qui devint bientôt le but de nombreux pèlerinages. Héritier du zèle de son maître, il combattit et détruisit les restes du paganisme dans ces contrées, et mérita d'être le second abbé de Leuconaüs. On ignore combien de temps il dirigea ce monastère ; mais ses vertus l'ont mis an rang des Saints, et une localité voisine a perpétué son nom. Ainsi, l'œuvre de notre Bienheureux ne périt point ; pendant bien des siècles, son intercession et son souvenir enfantèrent des Saints à l’Église.

 

Le nom de Valéry devint bientôt populaire ; on a recueilli le souvenir de quelques-uns des nombreux miracles opérés à son tombeau. Une ville se forma même autour, qui prit le nom du Saint (4). Vers l'an 980, Arnoul le Vieux, comte de Flandre, désireux d'avoir des corps saints, fit enlever violemment celui de saint Valéry, que l'on déposa d'abord à Montreuil, puis à Sithiü. Mais le duc Hugues (plus tard roi de France) le fit rendre aux moines de Leuconaüs. C'est même depuis ce temps-là que le monastère de Leuconaüs prit le nom de Saint Valéry.

 

Peu après, Ingelramme, abbé de Saint Riquier, composa des chants en l'honneur de notre Saint et de l'archevêque Ulframme. Un autre monastère du nom de Saint Valéry existait aussi en Auvergne. Un chroniqueur, antérieur au XIIe siècle, en écrivait : « Là repose le corps du saint confesseur, et les habitants du pays attribuent à sa présence d’être souvent délivrés des dangers ». Mais il est probable que ce monastère est celui où Valéry entra dans la vie religieuse, ou simplement un monument élevé à sa mémoire. car il est certain que ses reliques n'y ont jamais été transférées.

 

En 1197, le roi Richard, instruit que des vaisseaux sortis d'Angleterre portaient des vivres à ses ennemis et les déposaient à Saint-Valéry-sur-Somme, s'en vengea en mettant le feu à la ville, en dispersant les moines et en faisant transporter les reliques du Saint en Normandie, probablement dans la Bourgade qui, depuis, a pris le nom de Saint-Valéry-en-Caux, entre Dieppe et Fécamp. Mais plus tard elles furent rapportées au monastère de Saint-Valéry-sur-Somme, dévolu dans la suite à la congrégation de Saint Maur, et s'y sont conservées jusque dans ces derniers temps.

 

Il parait, du reste, probable que saint Valéry a évangélisé le pays de Caux et tout le littoral de la Manche telle est du moins la tradition (5).

 

Avant la Révolution de 1793, le corps de saint Valéry était renfermé dans une châsse magnifique, de la forme et de la grandeur d'un tombeau. Cette châsse était entièrement recouverte d'une lame d'argent qui lui donnait une certaine valeur intrinsèque. C'était plus qu'il n'en fallait pour provoquer la cupidité et l'impiété des sacrilèges révolutionnaires de cette lamentable époque. Aussi cette châsse fut-elle enlevée, et les reliques du Saint brûlées et réduites en cendres an milieu même du chœur de l'église.

 

Le pavé sur lequel s'est accompli cet acte de sauvage impiété en garde encore les traces et a été soigneusement conservé jusqu'à ce jour.

 

Toutefois, un ossement assez considérable, grâce à la piété courageuse d'une femme, a échappé à la destruction. Cette relique, la seule qui reste, avait été distraite du reste du corps et placée dans le soc du buste du corps de saint Valéry, recouvert d'argent, comme était autrefois sa châsse, pour être honorée et vénérée dans la chapelle dédiée au Saint, et où il avait été inhumé. La place du tombeau est soigneusement marquée dans ladite chapelle.

 

La dévotion à saint Valéry est toujours bien vive dans le pays. La chapelle, qui est hors des murs de la ville, reste ouverte tous les jours depuis le matin jusqu'au soir, et il est rare de n'y pas rencontrer des personnes en prière. On y vient en pèlerinage des pays voisins et autres plus éloignés. On aime à faire célébrer le saint Sacrifice de la messe sur le tombeau de notre Saint, et on y fait brûler un grand nombre de cierges.

 

Saint Valéry est le patron de toute la ville. Sa fête se célèbre du rit de première classe, le 12 de décembre. Depuis le Concordat, la solennité en est renvoyée au troisième dimanche d'Avent, quand la fête ne tombe pas ce jour-là (6).

 

Saint Valéry est mentionné dans le martyrologe romain (1er avril) et dans ceux d'Usuard et d'Adon. Trithemius, du Saussay, H. Menard, Bucelin, Molanus, Chatelain, etc., lui donnent unanimement place dans leurs calendriers. Les mariniers le considèrent comme leur patron. Près du monastère qui portait son nom, est une chapelle où il aimait à se retirer pendant sa vie, et où il fut enseveli c'est là que les marins vont se mettre sous sa protection, avant de s'embarquer. Guillaume le Conquérant, sur le point de partir pour l'Angleterre, fit porter hors de la chapelle et exposer au grand jour le corps du Saint, afin d'obtenir par son intercession un vent favorable. Le ciel exauça ses vœux au rapport de Guillaume de Malmesbury et de Matthieu de Paris.

 

Les Saints de Franche-Comté, Besançon, 1854 ; et notes locales.

 

Notes

 

(1) Il y a eu deux établissements de ce nom : Autoin, à quatre lieues d'Issoire, prieuré du diocèse de Saint Flour, dépendant du monastère de Soucillanges ; et Antoin, à une lieue d'Issoire, et dépendant des Pères Carmes du faubourg de Clermont. (Acta Sanctorum ord. Bened., t. V, addit. et corr., p. 628).

 

(2) Ou Aunaire. Il siégea de 571 à 605.

 

(3) Aujourd’hui Cayeux, village à quelque distance à l'ouest de Saint-Valéry. (Mab., note, p. 86).

 

(4) Saint-Valéry-sur-Somme (Picardie).

 

(5) Eglises d'Yvetot, par le savat abbé Cochet.

 

(6) M. Colamaire, curé-doyen de Saint-Valéry-sur-Somme, a bien voulu nous transmettre ces renseignements.

 

 

Texte extrait du 4e volume des Petits Bollandistes, Abbé Guérin, Paris, 1876

 



10/12/2022
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