Spiritualité Chrétienne

Spiritualité Chrétienne

Sainte Agnès de Rome

Sainte Agnès de Rome

Vierge et Martyre

290-303

Fête le 21 janvier

 

 

Sa naissance et ses premières vertus

 

 

Sainte Agnès naquit à Rome de parents distingua aux yeux du monde, parce qu'ils étaient nobles et riches; mais plus illustres encore devant Dieu, parce qu'ils étaient chrétiens. Au baptême, ils donnèrent à leur enfant le nom d'Agnès. Et, dit Saint Ambroise, « son nom seul est une louange ». En grec, il signifie « chaste » et, en latin, il veut dire « brebis », Sainte Agnès, en effet, a toujours été une petite brebis chaste, qui a préféré souffrir un cruel Martyre et mourir plutôt que de perdre sa virginité. Dès le berceau elle conçut, sous la douce inspiration de sa mère, un brûlant amour pour Notre-Seigneur Jésus-Christ. Dès lors aussi elle l'appelait son Bien-Aimé, son Divin Époux, et la méditation de ses souffrances faisait son aliment le plus ordinaire. Aussi devint-elle bientôt un modèle d'obéissance à ses parents, un ange de pureté, un chérubin d'amour divin, une petite fiancée noblement fière et jalouse de conserver son cœur uniquement à son Fiancé. A l'exemple du Divin Enfant, elle croissait en sagesse et en grâce, et la beauté de son âme, se reflétant au dehors, donnait à ses traits extérieurs une harmonie ravissante qui excitait l'admiration. La religion et la piété étaient si aimables et si gracieux en elle, qu'elle commença dès lors à attirer beaucoup de personnes à la vertu. Elle en convertit même plusieurs de son sexe à la Foi catholique. Vérifiant ainsi elle-même ce que la Sainte Écriture à dit de la Très Sainte Vierge Marie: « D'autres vierges viendront à sa suite se donner au Roi » (Psaume 44).

 

 

Elle refuse la main de Procope pour se conserver à son Divin Époux

 

 

Cependant le démon fut jaloux de Notre Seigneur Jésus-Christ II aurait voulu, lui, posséder l'âme d'Agnès si fidèle à son Sauveur. Comme un lion rugissant, rôdant autour d'elle pour la dévorer, il résolut de lui ravir son innocence et sa Foi, lorsque Sainte Agnès approcha de sa treizième année, il voulut, comme pour bien d'autres jeunes personnes, se servir de la beauté de son corps, pour lui faire perdre celle de son âme. Dans ce but il alluma un violent amour pour Agnès dans le cœur de Procope, fils du gouverneur de Rome. Ce jeune seigneur, voyant qu'Agnès était noble, intelligente et belle, crut qu'il ne se mésallierait pas en la prenant pour épouse, et il mit tout en œuvre pour obtenir sa main virginale. D'abord il la demanda à ses parents, qui, connaissant les goûts de leur angélique enfant, ne se hâtèrent pas de répondre. Ensuite, il chargea plusieurs personnes de faire connaître sa passion à Agnès, qui, inspirée d'en Haut, sut confondre leur sagesse toute humaine bien que captieuse. Enfin, il fit en sorte de rencontrer lui-même Agnès pour lui ouvrir son cœur, lui découvrir son amour et lui faire personnellement sa demande. Après lui avoir dit tout ce que sa passion lui mit à la bouche et lui avoir supplié de ne pas refuser son alliance, il lui offrit les riches présents qu'il avait apportés pour achever de la convaincre. Mais Agnès, fiancée à Jésus lui répondit avec une fermeté toute chrétienne :

 

« Retire-toi, tison d'enfer, aiguillon de péché, pierre de scandale et appât de mort ! Ne pense pas que je sois jamais infidèle à mon Divin Époux, à qui je me suis tellement unie, que mon âme ne vit que de son amour. Ne flatte pas non plus ta pensée qu'il y ait quelque mérite en toi qui te puisse justement faire prétendre à être son, rival; car il possède six qualités qui le rendent incomparable et uniquement digne d'amour; il est noble, il est beau, il est sage, il est riche, il est bon, il est puissant. Si tu veux avoir son extraction, il reconnaît un Dieu pour son Père, qui l'a produit sans mère, et la Mère qui l'a mis au monde n'a pas moins été Vierge pour avoir eu ce Fils. Il est si beau, que sa splendeur surpasse la clarté du soleil et de tous les astres, et que les deux mêmes sont ravis dans l'admiration de sa beauté, et disent, dans leur langage, qu'ils ne sont que ténèbres à son égard. Il est si sage et m'a tellement captivée de son amour, que je ne puis penser à d'autre qu'à lui. Et maintenant, que je parle de son excellence, je sens un si grand plaisir que, quoique je t'aie en horreur, je suis bien aise de te voir pour te le pouvoir dire. Il est si riche qu'il m'a donné un trésor qui vaut mieux que tout l'empire romain, et que personne ne le voit qui ne soit comblé de richesses. Que te dirai-je de sa bonté qui n'a point de mesure ! Pour la faire paraître avec plus d'éclat, il m'a marquée de son Sang. Il m'a donné sa foi et sa parole qu'il ne m'abandonne jamais. Il m'a prise pour son épouse, il m'a donné de belles robes et des joyaux d'un prix inestimable. Il est si puissant qu'il ne peut-être vaincu par toutes les forces du ciel et de la terre. Les malades sont guéris par le parfum céleste qui s'échappe de sa personne, et les morts reviennent en vie par l'éclat de sa voix. C'est pourquoi je suis toute à lui. Je l'aime plus que mon âme et que ma vie même, et je serais très heureuse de pouvoir mourir pour lui. Quand je l'aime, je suis chaste ; quand je m'approche de lui, je suis pure, et quand je l'embrasse, je suie vierge. Cela étant ainsi, vois si je puis l'abandonner dans l'espoir de quelques récompenses ou par la crainte de quelques peines ».

 

Ainsi devraient parler toutes celles qui, se sachant appelées par une vocation toute divine à un état plus parfait, sont cependant encore exposées aux dangers et aux illusions du monde.

 

 

 

Elle est condamnée au lieu infâme, mais elle met sa confiance en Dieu : ses cheveux croissent par miracle

 

 

 

En entendant la réponse d'Agnès, Procope crut qu'elle était éprise d'amour pour quelque autre grand seigneur, et que, étant enivrée de cette passion, elle parlait en frénétique, appelant celui qu'elle aimait son Dieu, son âme et sa vie. Et il devint si jaloux qu'il en tomba malade au lit. Le gouverneur de Rome, son père, fit venir Agnès pour lui persuader d'épouser son fils, l'assurant qu'il était le meilleur parti qu'elle pût souhaiter. Mais Agnès fût inébranlable. Elle lui dit même que pour tous les biens du monde elle ne changerait point l’Époux qu'elle avait déjà pris. Alors il voulut savoir quel pouvait être celui qu'elle aimait tant, et quelqu'un lui dit : « Seigneur, cette fille est chrétienne ! Elle a été, dès le berceau nourrie en l'art magique, auquel s'appliquent fort les chrétiens, ainsi qu'on le voit par ce qu'ils font tous les jours. Soyez. assuré que cet Époux dont elle parle, n'est autre que le Dieu des chrétiens ». Cette nouvelle Causa beaucoup de joie au gouverneur, car il y entrevit de suite un moyen de se venger d'Agnès. Le refus d'épouser Procope ne pouvait pas être fini ; car Agnès était noble ; mais elle était chrétienne, et ce nom pouvait servir à Symphrone pour la faire souffrir.

 

Il la fit donc comparaître de nouveau devant son tribunal, où il voulut d'abord la gagner par de belles et de douces paroles. Et, comme il vit que les promesses ne pouvaient pas détacher le cœur d'Agnès de son Divin Époux, il prit le ton de la menace et lui dit: « Marie-toi, ô Agnès, ou, si tu veux être vierge, sacrifie à la déesse Vesta et sers-la toute ta vie comme le font toute les autres filles romaines, sinon je te châtierai comme tu le mérites et te ferai conduire en un lieu où tu souffriras toutes sortes d'indignités, sans pouvoir te retirer des mains de ceux qui te tiendront une fois ». La sainte fille lui répondit: « Ne vous échauffez pas d'avantage, ô gouverneur; car il n'y a rien au monde capable de me faire quitter l’Époux que j'ai choisi. Je refuse le mariage de votre fils, et je ne me laisserai pas abuser jusqu'au point d'adorer des statues insensibles, qui n'ont ni oreilles, ni langue, ni vie. Vous me menacez de me faire traîner en un lieu infâme, pour y exposer ma pureté; c'est ce que je ne crains pas; parce que j'ai avec moi l'un des innombrables serviteurs de mon Époux, un ange par qui je suis gardée et qui prendra merveilleusement ma défense. Et mon Seigneur Jésus, que vous ne connaissez pas, m'environne de toutes parts, comme un mur, que l'on ne saurait forcer ».

 

Cette réponse mit l'inique juge en une telle fureur qu'il ordonna qu'Agnès fût dépouillée de tous ses vêtements et traînée toute nue jusqu'au lieu infâme, auquel il l'aurait destinée. Il voulut de plus qu'une trompette allât devant elle, criant que c'était Agnès, la sorcière, la chrétienne, que le gouverneur avait condamnée aux maisons d’infamie pour avoir blasphémé contre les dieux, afin que ceux qui en voudraient abuser puissent y aller librement. C'était ainsi que les païens vengeaient leurs dieux, faisant voir par là que ces dieux étaient impurs et malhonnêtes. Or, les filles et les femmes chrétiennes estimaient ce supplice plus horrible que les autres tourments et la mort même; car elles aimaient mieux, dans leur estime de la sainte vertu, être exposées aux griffes des lions qu'à des regards et à des mains impudiques. Dieu, cependant, souffrait cette impiété pour faire triompher les âmes pures, qui ne sont jamais abandonnées dans les tentations, si elles prient, et pour faire éclater sa Miséricorde sur elle. Des bourreaux donc se jetèrent sur Agnès et la dépouillèrent de ses vêtements; mais en un instant, ses cheveux grandirent par miracle, en si grande quantité qu'elle en eut assez pour cacher tous ses membres. De sorte que son corps ne pût être vu, ni servir de spectacle aux yeux sensuels de ses bourreaux. Lorsqu'elle fut contrainte d'entrer dans le lieu infâme, elle y trouva un ange pour la défendre et une robe plus blanche que la neige pour la couvrir, et même le lieu fut éclairé d'une brillante lumière. De quoi la sainte fille étant toute consolée et transportée de l'amour de son chaste Époux, elle se mit en prière pour rendre grâce à celui qui avait fait tant de prodiges pour la sauver.

 

 

Un Ange la défend dans le lieu infâme et la venge de Procope

 

 

Défendue par un ange et par une clarté céleste, la chasteté d'Agnès ne fut point souillée, elle conserva intact et intègre son corps, son esprit et son cœur. De jeunes hommes lascifs entrèrent, il est vrai, dans la chambre où elle était enfermée; mais, tout étonnés de ce qu'ils voyaient, ils en sortaient chastes et convertis. Cependant Procope, plus impur et plus audacieux que les autres, voulut accomplir son abominable dessein. Il entra dans la chambre, et, sans voir ce qu'il y avait d'admirable, il voulut attaquer Agnès et lui faire violence. Mais Agnès fit une prompte et fervente prière, et l'Ange qui la gardait, frappant Procope au cœur, le renversa raide mort. Le bruit s'en répandit aussitôt dans toute la ville, et Symphrone au désespoir accourut au lieu où gisait le corps de son fils. Le voyant sans vie, il adressa la parole à Agnès avec rage et fureur. Il l'appela sorcière et enchanteresse, furie sortie des enfers, monstre né pour la désolation de ses jours, lui demandant avec imprécations pourquoi elle lui avait ravi son fils, comme si celui qui fait un tel outrage ne méritait pas la mort.

 

Agnès reçut ces injures avec douceur et répondit avec calme et réserve: « Je n'ai point ôté la vie à votre fils ; son effronterie et sa témérité ont seules causé sa mort. Ceux qui sont entrés ici avant lui en sont sortis librement, parce que, voyant cette chambre pleine de clarté, ils ont rendu au grand Roi du Ciel, l'honneur qui lui est dû. Ils ont su que, quand j'ai été dépouillée, il m'a revêtue; que, quand j'ai été seule et abandonnée, il m'a préservée de mes persécuteurs, et qu'il a conservé ma virginité, que je lui ai consacrée dès le berceau. Mais votre fils, transporté de fureur, sans avoir de respect pour mon Dieu, a voulu me souiller. C'est pourquoi l'Ange qui me garde la fait mourir misérablement ». Le démon le cède donc aux fidèles serviteurs de Dieu, puisqu'il a été vaincu par une jeune fille de treize ans, abandonnée de la terre et soutenue seulement par son courage et par la grâce; puisque, au milieu d'un abîme de corruption, la virginité a trouvé un asile sûr, et que ce lieu infâme est devenu un paradis de chastes plaisirs, un séjour angélique, un temple du vrai Dieu. Oui ! une église bâtie dans ce lieu perpétue encore le souvenir de l'illustre victoire remportée par une jeune vierge chrétienne.

 

 

Elle ressuscite Procope

 

 

Alors, le gouverneur lui dit d'une voix plus modérée: « Je te prie donc de rendre la vie à mon fils, afin que chacun connaisse que tu ne la lui as pas ôtée par des charmes et des magies ». La sainte lui répondit: « Sans doute que votre aveuglement vous rend indigne de cette faveur; mais, afin que la gloire de mon Époux en soit mieux reconnue, et que toute la ville de Rome sache le bonheur de ceux qui le servent avec fidélité, sortez de cette chambre, vous et votre suite, tandis que je ferai ma prière pouf obtenir de lui ce que vous demandez ». Symphrone étant sorti, Agnès se jeta à terre, et, les joues baignées de larmes, elle pria son Bien-Aimé de rendre la vie à Procope. Pendant qu'elle priait, un Ange descendit du Ciel et ressuscita le jeune homme, qui, sortant aussitôt de la maison, se mit à crier: « Il n'est point d'autre Dieu au ciel, ni sur la terre, en la mer, ni dans les abîmes, que le Dieu adoré par les chrétiens. Lui seul doit être adoré. Les idoles ne sont que des esprits trompeurs, qui nous abusent pour nous traîner en enfer ». Mais à ses discours les pontifes idolâtres s'écrièrent: « Que la chrétienne meure! » Et le gouverneur qui avait vu de si grandes merveilles et qui tenait maintenant Agnès en haute estime, eût bien voulu la sauver. Cependant, à la manière des juges timides et lâches, qui, connaissant la vérité, n'osent pas la défendre, il céda à la fureur populaire et à la peur. Il se retira, en simulant la pitié, et chargea son lieutenant Aspase d'expédier cette cause.

 

 

Le feu l'épargne mais le bourreau l'immole

 

 

Aspase fit comparaître Agnès, puis, ayant fait allumer un grand feu, il la fit jeter dedans. Mais Dieu ne permit pas que celle qui n'avait jamais été brûlée par le feu de la concupiscence fut consumée par le feu matériel. Les flammes se divisèrent, laissant Agnès saine et sauve, et, tournant leur fureur contre les idoles, elles en réduisirent plusieurs en cendres. Pour Agnès, toute pénétrée de reconnaissance et de joie, elle se tourna vers son Divin Époux et lui dit: « Mon Dieu! je loue et glorifie votre Saint nom de ce que, par la vertu de Jésus-Christ votre Fils unique, j'ai vaincu la violence des tyrans et passé par le chemin de l'impureté sans être souillée. Pour comble de merveilles, je vois que votre Ange adoucit l'ardeur de ce feu, et que les bourreaux, qui me tourmentent, éprouvent eux-mêmes la violence de cet élément. Béni soit votre saint nom, ô Seigneur, puisque je vois déjà ce que je désirais, je jouis de ce que j'espérais, je tiens entre mes bras ce que j'aimais. Mon cœur, ma langue, mes entrailles, mon âme vous louent vous glorifient. Je vais à vous, ô vrai Dieu éternel, qui régnez avec votre Fils unique Jésus Christ dans les siècles des siècles ».

 

A peine eût-elle achevé sa prière que le feu s'éteignit au point de ne pas même laisser de vestiges. Néanmoins, Aspase, pour apaiser le tumulte populaire, lui fit donner un coup d'épée dans la gorge (Que l'infidélité et le péché rendent cruel!) Il sortit de cette plaie une telle abondance de sang que le corps de la vierge en fut tout inondé. Quand le bourreau leva l'épée pour la frapper, il trembla et changea de couleur, comme s'il eût été lui-même condamné à mort, tandis qu'Agnès attendit le coup avec calme et résignation. Elle dit même au bourreau: « Que fais-tu ? Qu'attends-tu ? qui te retient ? Fais mourir ce corps qui peut être vu des yeux des hommes, dont je ne veux pas être regardée, et que mon âme aille rejoindre mon Dieu! Que ce Seigneur, qui m'a élue pour son épouse et auquel je veux plaire, me veuille, par sa bonté, recevoir entre ses bras! » C'est ainsi que, le 21 janvier 305, au sein des plus grandes tribulations, elle remporta la double couronne du martyre et de la virginité. « Avant de recevoir le coup, dit Saint Ambroise, elle s'enferme de ses vêtements. Elle est morte et sa pudeur veille encore. Elle est tombée à genoux, et sa main voile son visage ». Son âme environnée de lumière s'élança comme une colombe à travers les airs, et un groupe d'anges l'accompagna dans ce sentier lumineux. O Vierge bienheureuse, noble habitante des Cieux, Priez pour nous !

 

 

Sa sépulture et le martyre de Sainte Emérentienne

 

 

Les chrétiens déposèrent le chaste corps d'Agnès dans une terre de l'un de ses parents, au-delà de la porte de Numa, aujourd'hui sainte Agnès extra muros (Hors des Murs), non avec des pleurs et des sanglots/ mais avec une grande allégresse et une grande dévotion. Les gentils en furent indignés. Ils se jetèrent sur les chrétiens, qu'ils maltraitèrent, entre autres une sœur de lait et compagne d'Agnès, Sainte Emérentienne, jeune vierge, qui, n'étant encore que catéchumène, fut martyrisée et baptisée ainsi dans son sang. Son corps fut placé auprès de celui d'Agnès, et l'église célèbre sa fête le 23 janvier, qui fut aussi le jour de son martyre. Pour permettre aux chrétiens d'aller honorer le sépulcre d'Agnès et de l'invoquer plus efficacement, Dieu épouvanta les infidèles par des tremblements de terre, par des éclairs, et par des tonnerres, qui, tombant sur eux, en firent mourir plusieurs et mirent les autres en fuite; en sorte que les fidèles demeurèrent maîtres de la place. Quant aux parents de la sainte, ils ne cessèrent, ni nuit ni jour, de faire leur dévotion en ce lieu. C'était une consolation pour eux.

 

 

Elle apparaît à ses parents et à Sainte Constance

 

 

Huit jours après le martyre d'Agnès, ses parents en prières sur son tombeau virent une grande multitude de vierges parées de robes de drap d'or recouvertes de pierres précieuses couronnées de guirlandes, de perles et de beaux diamants. Au milieu d'elles s'avançait Sainte Agnès triomphante et glorieuse, avec un agneau plus blanc que la neige sur son bras. La Sainte s'arrêta et pria ses compagnes de s'arrêter aussi ; puis, se tournant vers ses parents, elle leur dit : « Mes chers parents, ne me pleurez plus comme morte, réjouissez-vous plutôt avec moi de ce que j'ai acquis dans le Ciel la couronne de gloire en une si sainte compagnie, et ce que je possède celui, que vivant sur la terre j'aimais de tout mon cœur et de toute mon âme ». Ensuite elle se tut et passa outre avec le chœur de vierge dont elle était accompagnée. Cette révélation fut si célèbre que toute la ville en fut informée. L’Église en fait mémoire par une fête particulière, qui se célèbre le 28 janvier, et que l'on appelle Sainte Agnès Secundo.

 

Quelques années plus tard, Constance, fille de l'empereur Constantin, couverte de plaies des pieds jusqu'à la tête, ayant entendu parler de cette vision par ceux même qui l'avaient vue, voulut prier elle aussi au Sépulcre de la Sainte pour y être guérie. Et là, bien qu'elle ne fût pas encore Chrétienne, elle la pria avec beaucoup de confiance et de ferveur de lui obtenir sa guérison. Elle venait à peine de commencer à prier lorsqu'elle fut surprise par un doux sommeil. Pendant ce repos, la Bienheureuse Agnès lui apparut et lui dit : « Constance ! N'oubliez pas votre nom, embrassez immédiatement la Foi de Jésus-Christ par qui toute vos plaies seront dès ce moment parfaitement guéries. Vous ne sentirez plus la mauvaise odeur de votre corps, la douleur de vos plaies de nous tourmentera plus, et vous serez délivrée de la crainte d'autres nouvelles maladies. Souvenez-vous de ce que vous étiez et de ce que vous êtes maintenant: reconnaissez Notre Seigneur Jésus-Christ et remerciez-le de ses bienfaits ». Constance, à ces paroles, s'éveilla et se trouva parfaitement guérie. En reconnaissance de ce bienfait, elle fit faire un superbe sépulcre pour les ornemente de la Sainte, et bâtir une magnifique église, pour lui rendre les honneurs dues à ses mérites, et oh le peuple accourt toujours depuis en grand nombre. Même elle voulut suivre l'exemple de Sainte Agnès et demeurer toujours vierge. De concert avec plusieurs autres jeunes filles, elle fit profession de l'angélique vertu et reçoit aujourd'hui au Ciel la récompense de son sacrifice.

 

 

Bénédiction de deux agneaux le jour de la fête de Sainte Agnès, manières de la représenter

 

 

A l'église, où furent déposées les reliques de sainte Agnès, et qui fut bâtie par Constance, s'appelle aujourd'hui Sainte Agnès extra muros et elle est un titre de Cardinal. Chaque année il s'y fait une gracieuse et touchante cérémonie. A la fête de sainte Agnès, l'abbé de Saint Pierre-aux-Liens y bénit deux agneaux blancs à la grand-messe, après laquelle on les porte au Pape, qui leur donne aussi sa bénédiction. Ils sont ensuite portés dans un monastère de religieuses qui les élèvent avec soin. La laine de ces petits agneaux sert à tisser les Palliums, que le Pape envoie, comme signe de puissance et de juridiction, à tous les archevêques du monde catholique. Ainsi cet ornement de laine blanche que, à certaines grandes fêtes, ces prélats doivent porter sur leurs épaules à l'instar du Bon Pasteur qui porte sa brebis, et que le Pape prend sur l'autel même de Saint Pierre, va porter jusqu'aux extrémités du monde, dans une union symbolique, le sentiment de la puissance suprême de Pierre et celui de la douceur virginale d'Agnès.

 

On représente Sainte Agnès de différentes manières: 1° debout avec un diadème sur la tête et un livre à la main. A ses pieds sont un glaive et la flamme d'un bûcher qui indiquent les deux genres de tourmente qu'elle eut à souffrir. Vêtements riches ; 2° debout tenant une couronne; 3° A genoux et tenant un petit agneau sur un livre; 4° A genoux et près d'elle un agneau; 5° tenant une branche de lys; 6° défendue par un Ange dans le lieu publia, où elle a été exposée. L'ange frappe un jeune homme de mort; 7° recouverte de sa chevelure comme d'un manteau ; 8° brûlée vive; 9° enfin, a Notre-Dame de lourdes de Montréal, on voit une magnifique statue de la Sainte de trois pieds de hauteur. Sainte Agnès y est debout. Elle porte une robe de drap d'or recouverte d'un manteau empourpré de sang. Sur son bras gauche, dont la main est cachée dans les replis de son manteau, elle porte un petit agneau plus blanc que la neige, et, dans la main droite, la palme de son martyre. Ses longs cheveux ondulés, flottant sur ses épaules, rappellent le miracle dont nous avons parlé, et la tête élevée et radieuse de la Sainte ainsi que ses regard, perdus dans les cieux expriment un bonheur ineffable. Sur sa tête, une couronne de lys et de roses rappellent à la fois sa pureté virginale et son martyre. Enfin, on invoque Sainte Agnès contre les périls de la mer. Et son nom, étant au canon de la Sainte Messe, elle y est tous les jours invoquée par le Prêtre au nom de toute l'église.

 

 

 

 

Sainte Agnès, priez pour nous.

 

 

Texte extrait de « Petite vie de Sainte Agnès, Vierge et Martyre », de l'Abbé S.A. Moreau, Imprimerie de l'Institution des Sourds Muets, Montréal, Canada, 1886



12/12/2011
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 748 autres membres